Les proviseurs interpellent la Région
La Région organise ce lundi à Metz la « journée des lycées du Grand Est », et réunit, en présence de la rectrice, les proviseurs, leurs adjoints, les gestionnaires. Une rencontre très attendue par les chefs d’établissements.
Jean-Pascal Paillette est proviseur du lycée professionnel André-Citroën à Marly, près de Metz. Il est le secrétaire général académique du puissant syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale, affilié à l’Unsa (Snpden-Unsa). Il livre son analyse avant la « journée des lycées » organisée lundi par la Région.
Il y a quelques jours, vous avez posté un tweet rageur sur la politique de la Région. Vous êtes toujours en colère ?
Les relations entre les représentants des chefs d’établissement avaient plutôt bien commencé par un véritable dialogue dans la perspective d’harmonisation des trois ex-régions, beaucoup de consultations, un comité de pilotage, des groupes de travail. Et puis le coup d’arrêt depuis la démission de Philippe Richert. Et pendant ce temps, la Région a engagé un écrêtement des dotations. Il y a eu des explications fournies au comité de pilotage du 5 décembre.
Certains lycées n’auraient-ils pas tendance à thésauriser, à se faire un matelas tout en demandant des dotations ?
Un établissement n’a pas vocation à thésauriser, nous en sommes bien conscients. Sauf qu’avant d’écrêter, il faut évaluer les besoins des établissements. La Région nous avait annoncé un écrêtement sur l’exercice budgétaire 2019. La grosse surprise, c’est d’apprendre que la mesure s’applique dès le budget 2018 en s’appuyant sur le compte financier au 31 décembre 2016. Des établissements ont depuis naturellement fait des dépenses. On a tant entendu Philippe Richert dénoncer les décisions unilatérales de l’État que l’on s’interroge sur le sans-gêne régional à faire de même. Certaines agences territoriales de la Région ont reçu les chefs d’établissements. Comme à Metz. Mais pas à Épinal par exemple. La communication avec certaines agences pèche encore.
Les Régions veulent récupérer la gestion des lycées professionnels (LP). Qu’en pensez-vous ?
La Région raisonne CFA et apprentissage. Je fais simplement remarquer qu’en Lorraine et Alsace (il y a un seul CFA public en Champagne-Ardenne) près de 40 LP abritent aussi des CFA. Il ne faut pas opposer alternance sous statut scolaire et apprentissage. On partage déjà des plateaux techniques avec les CFA, on sait mixer les parcours, début du parcours sous statut scolaire et poursuite en apprentissage, on sait aussi récupérer des jeunes en rupture d’apprentissage. Il n’y a pas besoin de changer le cadre actuel. Je ne suis pas sûr que confier les LP et l’apprentissage totalement aux branches professionnelles et aux Régions donne de meilleurs résultats. On peine à recruter des jeunes pour l’apprentissage et à trouver des offres d’apprentissage dans les entreprises.
Et le lycée 4.0, avec les livres numériques, ça marche ?
Ça marche et ça ne marche pas. La Région a fourni un effort considérable pour les dotations en équipements, il y a aujourd’hui une vraie richesse en ressources numériques. Mais les difficultés de mise en œuvre ont été sous-estimées. Des petits problèmes mais qui, cumulés, empêchent un fonctionnement correct. Mais je reste confiant.
Propos recueillis par Philippe RIVET